Le bivouac sur un sol d’aiguilles de pins nous a fourni un sol confortable, ce qu’il faut pour bien dormir. Même si toute la nuit, le vent a ronflé dans les pins.
Réveil à 7 heures. Nous retrouvons nos habitudes de rangement, chacun sait ce qu’il a à faire… On profite d’une accalmie du vent pour plier la tente qui, c’est rare, est très sèche. Puis on s’en va préparer le petit déjeuner sur le balcon du refuge, à l’abri du vent. Problème : on a oublié les tasses et les couverts… La gardienne nous dépanne d’une bouteille plastique et de quelques verres en carton. On peut s’alimenter !
Du coup, on part -un peu tard- à 8h30. Ce qui nous convient, parce que nos compagnons de la veille sont plus montagnards que nous, équipés de GPS et que nous allons marcher dans leurs traces. Vite, un coup d’oeil en arrière sur les sommets et l’étang de Bésines. Le vent est froid. On passe une veste, des gants, un bonnet. Le sentier avance en balcon, nous marchons pendant une bonne demi-heure sur des blocs de pierre. Sur le versant opposé, de nombreux névés sont encore présents.
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Enfin, nous mettons nos pieds sur la neige, dans les traces de ceux qui nous précèdent. Pendant un moment, nous alternons passages sur la neige et sentier de terre tout en montant. Au bord d’un ressaut de rocher, on se trouve en face d’une pente totalement enneigée. On suit les traces sur cette forte pente qui mène au clote de Bésineilles (2260 m) qui a l’apparence d’un vaste replat de neige d’où sort un torrent furieux. Moyennement rassurés (nous n’avons jamais marché sur autant de neige), nous nos dirigeons vers l’est en commençant à deviner le col. Nous attaquons un pente sérieuse qui nous mène à la Coma d’Anyel (2470 m). Devant nous, de la neige, quasiment aucun repère. Il fait un vent fort, nous ne nous attardons pas.
Nous nous lançons dans la descente, toujours en suivant les traces. La neige est parfois molle, dès que nous trouvons un caillou qui dépasse nous faisons une pause pour mettre des guêtres. Vers 2400 mètres, les traces obliquent vers la droite. Au début, nous étions impressionnés par cette longue descente sans repère et faisions attention à ne pas glisser. Puis l’habitude vient de bien planter le talon. Nous ne verrons pas l’étang de Lanoset qui est recouvert par la neige.
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Nous commettons une erreur d’inattention et d’appréciation. En arrivant au niveau de l’étang du Lanoux (2234 m), nous traversons un petit replat herbeux. Nous ne voyons plus les traces, mais nous apercevons une cabane. Sans réfléchir et sans consulter la carte, nous nous dirigeons vers… la cabane du Solà. La porte est défoncée, la cabane est très sale, les bas-flancs sont couverts de déchets. Quelque chose nous trouble, la cabane n’est pas telle que la description que nous avions mémorisé. Nous ne sommes pas très à l’aise quand nous apercevons quelqu’un qui passe un col situé plein est, de l’autre côté de l’étang. On se plonge dans la carte pour constater notre erreur… Il est 12h30, on se met à l’abri du vent et au soleil pour pique-niquer.
Vers 13h15, nous revenons sur nos pas jusqu’à l’endroit où nous nous sommes trompés. Ayant scruté la carte et le topo, nous lisons le paysage différemment. Nous retrouvons les traces que nous suivons tout en cherchant la cabane du Rouzet et en veillant à aligner à l’Ouest la cabane du Solà, derrière nous. Selon le topo, elle se cache « derrière une petite éminence ». La neige brouille les repères. On l’imagine plus proche de l’étang qu’elle ne l’est. Je surveille l’altimètre puisqu’elle est à 2622 mètres d’altitude. On voudrait la trouver parce que le vent ne cesse de forcer, que le ciel est de moins en moins engageant et que nous avons perdu trop de temps pour espérer aller sans risque jusqu’aux Bouillouses.
Au moment où nous abandonnons l’idée de trouver la cabane et décidons de monter vers la Portella de la Grava, Marie-Noëlle l’aperçoit à une cinquantaine de mètres sur notre gauche. Elle est enterrée dans plus de 1,50 mètre de neige. On racle un peu la neige pour l’ouvrir et on y entre. Elle est propre, mais une partie du sol est recouverte d’une pellicule d’eau qui s’infiltre sous le mur nord. Il y a un foyer, des barres de granit pour s’asseoir. Nous repérons le tapis de sol d’une tente déchirée qui nous isolera de l’humidité.
Après avoir déneigé devant le haut de la porte pour qu’elle s’ouvre correctement, nous nous installons alors que la pluie se met à tomber. Il est 15 heures.
On occupe le temps en écopant l’eau dans une grosse bouteille d’eau, en réchauffant de la neige pour nous faire quelques thés.
Repas à 19 heures avec potage, pâtes à la milanaise, semoule au lait (en poudre) et au miel. Coucher à 21 heures, bien couverts…
Ce jour, nous avons été 6h30 sur le GR. Le dénivelé positif est de 769 mètres et le dénivelé négatif est de 250 mètres.
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